Quelques logiciels, mais surtout de nombreuses applications (applis) permettent de tracer rapidement, en quelques clics (Router, Routage, Routeur), un itinéraire vélo, Gravel, VTT voire un parcours de randonnée pédestre.
Or le résultat peut aller du bluffant à la grosse déception, voir une bataille avec un spaghetti qui peut sembler « fou », mais faut-il en vouloir à l’outil (APPLI) et la jeter ?
En vouloir à cette appli est naturel, mais la responsabilité de cette déconvenue, quelle que soit l’appli, ne lui incombe qu’en partie seulement, car la principale cause est due à la richesse des données associées à la carte.
Routage en forêt de Brotonne par deux applis différentes, celle de gauche est en échec au moins trois fois, a sa décharge probablement le niveau de pauvreté des données VTT de la carte OSM.
Les cartes disponibles et utilisées par ces applis (et les logiciels) sont soit Open Street Map, https://www.openstreetmap.fr/ disponible à coût nul, TomTom ou Google qui « se lancent » dans le « Hors goudron ».
L’illustration de ce propos s’appuie sur la carte Open Street Map (OSM) qui est largement utilisée du fait de sa gratuité, par les concepteurs d’applications.
Concrètement, OSM, comme ses « concurrents », c’est une base de données contenant une liste « d’objets ». Pour dessiner une carte, le logiciel va extraire de cette base de données , et pour chaque objet, les caractéristiques typiques de la carte souhaitée. Il va ensuite générer une carte « vectorielle », c’est-à-dire une succession de traits et de points, le dessin de la carte reste net, quel que soit le niveau de zoom.
Pour une carte dédiée au VTT, l'algorithme qui dessine recherche les caractéristiques définissant une carte VTT, ce qui permet à chaque appli de présenter une carte VTT avec un look « propriétaire », l’exemple le plus parlant c’est la carte topographique de Garmin.
Les données cartographiques d’OSM sont issues majoritairement d’une contribution volontaire (crowd sourcing). OSM étant basé sur ce principe, depuis quelques années, certaines « institutions » ayant choisi de s’éloigner des grands acteurs cartographiques américains ont également embrayé sur ce mode. Ces institutions ont privilégié OSM comme outil cartographique sur leur territoire, ainsi la contribution est encadrée professionnellement (ex. : Lyon, Île-de-France..). On voit bien que dans ces zones, la carte est plus étoffée et plus structurée. Il en résulte à l’échelle d’un pays ou d’une région, une très grande disparité sur la richesse et la nature des données incluses dans cette carte.
Carte OSM VTT look type Garmin, a Gauche le massif des Vosges (au nord de Belfort), à droite la forêt de Bretonnes (au sud de Rouen) https://www.calculitineraires.fr/.
Notre propos étant centré sur la pertinence du routage Vélo, VTT, Gravel ont omet volontairement d’évoquer l’impressionnante richesse des données figurant dans OSM.
L’image ci-dessous est une vue globale à l’échelle de l’Europe des voies cyclables connues par OSM, cette image montre la densité des voies qui seront choisies prioritairement par les algorithmes des applications qui utilisent la carte OSM, pour router un itinéraire cycliste.
Soit il y a plus de pistes cyclables « hors de France » soit la Carte OSM est mal renseignée en France… Réponse : Les deux mon Capitaine !
Un zoom sur une zone couvrant une partie du Grand Est et de l’Allemagne, l’image couvre des zones de densité de population similaires. Côté Allemagne la densité de voies cyclables suit globalement la densité de l’habitat, la carte semble homogène. Coté France le constat est net : c’est totalement disparate la carte est mieux renseignée autour de Charmes que de Nancy ou Colmar, il reste un gros travail a fournir pour obtenir une carte propice au routage.
Comme OSM est basé sur le principe de la contribution volontaire c’est donc aux cyclistes de renseigner et de tenir à jour la carte.
OSM étant (comme ses concurrents) une base de données cartographique dont ont peut extraire des couches par critère d’intérêt l’auteur demande à UMAP (simple visualisateur) d’afficher la couche OUTDOOR, c’est à dire la densité de chemins et de sentiers sur deux zones similaires sur le plan de l’offre « réelle » en chemins entretenus.
On voit nettement que le routage sera bien plus aisé, plus pertinent, vu que l’offre est plus étoffée sur la carte (pour le routeur) en forêt noire que dans les Vosges bien que sur le terrain la densité et la qualité de l’offre en chemins, sentiers, dans les Vosges soit exceptionnelle. Elle est valorisée sur d’autres outils, mais elle ne l’est pas dans OSM ; il en résulte que le routage (fichier GPX issu des applis) dans cette région est médiocre.
La forêt noire à l’est de Colmar
Les Vosges à l’ouest de Colmar.
Examinons la carte vue par un planificateur d’itinéraire, pour l’illustration l’auteur à choisi l’appli Komoot https://www.komoot.fr/ pour son aspect graphique « sexy ». La démonstration peut aussi être faite avec une autre appli. L’aspect graphisme permet de souligner correctement la problématique de fond. En forêt noire (cheminements en vert), l’image ci-dessous présente toutes les solutions propices à la pratique à « vélo », comme l’algorithme dispose de multiples solutions il pourra proposer un itinéraire pertinent en adéquation avec les critères prédéfinis.
Ci-dessous, côté Vosges : L’algorithme va devoir choisir parmi les routes sans autres critères, car les cheminements propices à la pratique du vélo ne sont pas valorisés dans la carte. Selon l’appli, l’utilisateur sera plus ou moins satisfait.
Pour la pratique VTT, faisons une comparaison d’un secteur pris au hasard en forêt noire et d’un « Spot » réputé pour la pratique du VTT en France, notamment pour y avoir organisé des compétitions internationales XC et DH : La Bresse dans les Vosges.
En forêt noire (ci-dessous) l’algorithme pourra choisir entre différents niveaux de difficulté (S0, S1, S2…), éviter ou retenir des montées ou descentes difficiles. Il est fort probable que l’itinéraire (GPX) proposé soit conforme ou très proche des options que vous auriez définies.
Ci-dessous dans les Vosges, la dominante est violine. L’algorithme choisira par défaut un cheminement qui va emprunter les tracés en violet, l’utilisateur aura à l’aider pour construire un GPX correct, car la valorisation des cheminements VTT existe, mais est minimale.
Ci-dessous, l'exemple d’une zone ou la carte VTT issue d’OSM est optimal, car la totalité des chemins et sentiers ont été catégorisés pour une pratique vélo, VTT, randonnée (illustration de la vue carte pour le VTT) le routage proposé par une appli performante est d’une part construit très rapidement et très pertinent, l’assistance manuelle réduite au minimum.
Les applis utilisent chacune leurs algorithmes propres ; elles ne proposeront pas strictement les mêmes itinéraires, cependant en l’état « en France » l’écart entre le cheminement que vous attendez et celui qui sortira est principalement dû au niveau de renseignement de la carte.
Les applis en lignes, du moins les plus efficaces, mettent à jour leur carte régulièrement. Elles seront toujours plus pertinentes que les logiciels qui ont tendance à utiliser des cartes bien plus anciennes. Une mise à jour faite dans OSM est prise en compte pour l’aspect graphique dans l’heure qui suit pour les applis les plus réactives ; pour l’aspect routage le délai est de l’ordre d’une à plusieurs semaines.
Ce qui se cache vraiment sous la carte
Voyons quelles sont les informations cachées derrière la carte. Celles qui vont alimenter l’algorithme de routage.
L’image ci-dessous présente les données caractérisant une voie destinée à une pratique cycliste, dans le massif forestier de Mormal.
OSM étant un projet collaboratif, le collaborateur n’est pas tenu de renseigner tous les champs, il faut partir du principe qu’avec le temps et les bonnes volontés la carte va s’enrichir et se bonifier, c'est le principe deu crowdsourcing, comme sur wikipedia.
- Bicycle : essentiel pour le vélo, ici c’est une voie dédiée aux cyclistes, sans être, ni une piste cyclable, ni exclusivement réservée aux cycles,
- Foot : accepte les piétons, les randonneurs
- Highway : le type de route, elle est catégorisée comme une track (un chemin),
- Surface/Track type : Dans cet exemple, le sol est dur sans être macadamisé, ce critère permet d’optimiser l’itinéraire c’est ici que la notion de Gravel apparaîtra…
- Membre de… Dans cette illustration le cheminement fait partie d’un itinéraire officiellement déposé, il peut être importé directement par certaines applis.
Ci-dessous le rendu de la carte (OSM Cyclo), le comparatif entre U Map (simple visualisateur) et Komoot (une appli), montre dans cet exemple que l’appli ne dégrade pas les données de la carte, le routeur pourra dans ce massif forestier privilégier les cheminements propices aux cyclistes.
OSMCycles de la forêt de Mormal visualisée par Umap
OSM Cycles de la Forêt de Mormal visualisée par Komoot
La richesse des données présentes et leur exactitude, combinées à l’intelligence de l’algorithme mis en œuvre par l’application feront que l’itinéraire issu du routage sera plus ou moins optimisé.
Illustration pour le VTT, ou la randonnée
Ce qui est essentiel
Path c’est un sentier, au sens du sentier de montagne, sur lequel il est impossible de doubler à VTT, et où il faut se ranger pour se croiser (à pied ou à VTT), c’est la convention internationale admise. Dès qu’il est possible de se tenir à deux de front, que ce soit à pied ou à VTT, il faut utiliser le terme Track.
Les données essentielles indispensables se limitent au type (track/path) et la track type (classification du cheminement de grade 1 où l'on y roule facilement à vélo à grade 5 qui est infranchissable).
Ce qui est optionnel mais très utile
La totalité des données permettra à l’algorithme de l’application de proposer un itinéraire adapté à la pratique, ce qui devient primordial avec la généralisation de l’utilisation du vélo, du VTT, et du VTTAE.
L’exemple ci-dessous montre une portion d’un single (rouge) difficile à VTT (classe 3, scale 2, pente 20 & # 0006). C’est un cheminement à éviter pour certains ou à privilégier pour d’autres. Si l’algorithme dispose de ces données, il pourra fournir des données pertinentes et utiles sur l’engagement physique et technique.
Astuce : Faire passer une trace.gpx importée sur internet par une appli de routage, permet d’une part de nettoyer cette trace des « jardinages » si elle en comporte et surtout de faire apparaître les cheminements qui risquent de poser problème sur le terrain.
De l'importance des données
Ci-dessous, un comparatif graphique de la carte VTT vue par deux applis sur deux zones géographiques renseignées différemment. À gauche la vue OSM VTT des Vosges au nord de Belfort, à droite la vue VTT de la forêt de Brotonne au sud de Rouen. Sur la gauche la carte vue par deux applis différentes elles disposent de données associées à la carte pour « tailler » un bel itinéraire à VTT, à droite rien ne permettra à ces deux applis de privilégier un cheminement plutôt qu’un autre, l’itinéraire sera « fade ».